«2040, c’est demain»

• 21 mars 2022
• Energies renouvelables
• Rapport annuel 2021, Stratégie énergétique

Jörg Wild – Pourquoi avez-vous décidé de formuler de manière encore plus ambitieuse l’objectif formulé il y a un an?

2050, c’est loin – trop loin, peut-être aussi trop commode. La ville de Zurich, notre actionnaire principal, a donné l’impulsion avec son engagement «Zéro net d’ici 2040». Il faut prendre en compte cette dimension: nous sommes en train de modifier d’immenses infrastructures qui se sont développées au fil des décennies. Les transformer en l’espace de 18 ans ne va pas de soi. Mais c’est extrêmement motivant. Il est désormais clair pour nous tous que 2040, c’est «demain». Il n’y a pas de temps à perdre. Nous devons travailler à fond sur tous les fronts pour atteindre cet objectif. Et c’est une bonne chose.

Energie 360° appartient également aux communes périphériques.

Pour nous, il est important d’être un partenaire pour tous sur le chemin de la transformation. Nous avons parfois des communes périphériques très ambitieuses – d’autres ont des situations initiales différentes de celles de la ville de Zurich, par exemple. Nous avançons avec toutes les communes, chacune à un rythme différent.

Le chemin de la transformation n’est pas une ligne droite. Où fixez-vous des lignes directrices stratégiques pour maintenir le cap?

Lorsque l’on prend des décisions stratégiques, il est important de savoir ce que l’on ne veut plus faire. Et l’une des décisions que nous avons prises est la suivante: nous ne voulons plus, en principe, construire de nouveaux raccordements au gaz. Ceci, bien entendu, en concertation avec les communes. Si elles définissent des zones qui doivent continuer à être approvisionnées en gaz – par exemple, plus tard, en biogaz – nous continuerons bien sûr à le faire.

Energie 360° fait ainsi ses adieux à un objectif qui a marqué l’entreprise au cours du dernier demi-siècle.

C’est vrai. Nous nous recentrons. Nous abandonnons le développement de l’infrastructure gazière au profit du développement d’une infrastructure d’énergies renouvelables. Pour cela, nous voulons maintenant continuer à développer rapidement des ressources afin d’accélérer la transformation.

Comment Energie 360° procède-t-elle concrètement?

Nous voulons, avec notre clientèle, utiliser des sources d’énergie locales et renouvelables. C’est un facteur central pour la transformation de l’approvisionnement en chaleur. En exploitant ces sources d’énergie, nous pouvons construire des réseaux énergétiques décentralisés et, par exemple, démanteler le réseau de gaz. En outre, nous voulons rendre l’approvisionnement en gaz «vert» – dans les réseaux qui resteront à long terme, seul le biogaz sera utilisé. Nous avons donc défini des objectifs de croissance pour le gaz renouvelable. Pour les atteindre, nous voulons construire des installations en Suisse. Et nous avons bien sûr aussi besoin de gaz renouvelable, que nous devons nous procurer sur le marché international. La pièce du puzzle qui s’intègre merveilleusement dans ce tableau est l’électromobilité. D’une part, elle aura certes besoin de plus d’électricité, mais en contrepartie, nous pourrons accéder à un énorme ensemble d’accumulateurs décentralisés qui nous permettra de stabiliser le système. L’électromobilité peut apporter une contribution importante à la stabilisation de l’ensemble du système.

L’objectif est donc de créer un système énergétique décentralisé dans lequel de nombreux éléments s’imbriquent comme des engrenages. Et donc de rendre le système global stable et sûr.

C’est notre vision de l’avenir énergétique. Le mot-clé est le couplage des secteurs: d’une part, nous déterminons de quel approvisionnement énergétique un site ou un quartier a besoin, et d’autre part, nous identifions les sources d’énergie durable disponibles localement. Les structures décentralisées acquièrent ainsi un haut degré d’autarcie grâce à une régulation intelligente et interagissent ensuite avec le système global en le soutenant. On aura certes toujours besoin d’une protection énergétique, par exemple pour casser les pics de demande. Mais celle-ci doit être utilisée le moins possible et, si c’est le cas, avec des énergies renouvelables, comme le biogaz. Nous démontrons déjà par divers projets que cette vision est réaliste.

Comment expliquez-vous au personnel de longue date que le monde est désormais différent?

Certains collègues, qui ont accompli leur travail avec fierté et passion jusqu’à présent, voient aujourd’hui la valeur de leur activité remise en question. Nous travaillons à surmonter ces défis émotionnels et je pense que nous sommes sur la bonne voie. D’autres membres du personnel sont enthousiastes. Ils ont par exemple auparavant conçu des réseaux de gaz et brûlent désormais de pouvoir planifier des réseaux de chauffage à distance et de proximité au sein d’une équipe autonome. Les deux réactions sont humaines et compréhensibles.

La communication est nécessaire au changement. Comment procédez-vous et où placez-vous vos priorités?

Depuis quelque temps, nous utilisons auprès des cadres un programme appelé «Transformer ensemble avec succès». Nous discutons et donnons suffisamment de place aux critiques. Les membres de la direction comprennent très bien que nous voulons développer notre modèle de gestion et que nous devons aussi nous débarrasser des structures de gestion axées sur la hiérarchie. Nous avons également abordé la question de la transformation au cours du dernier exercice. Je suis en train de rendre visite à chaque équipe. C’est une expérience très précieuse pour moi, car je suis ainsi toujours en dialogue avec mes collègues. À cette occasion, j’explique notre stratégie, j’essaie de dissiper les doutes et de montrer les opportunités. Nous devons tous apprendre à gérer les incertitudes et à prendre des décisions sans connaître l’avenir avec précision.

Comment s’y prend concrètement Energie 360°

Pour faire avancer l’écologisation du système énergétique, il faut de nouvelles idées. Où les trouvez-vous?

Côté produits, nous nous développons constamment en fonction des besoins de la clientèle. Nous savons intégrer les nouvelles technologies disponibles dans nos solutions. En outre, Energie 360° dispose de plusieurs instruments pour innover activement. Nous avons profité du dernier exercice pour nous recentrer et comprendre les thèmes sur lesquels nous devons être présents pour continuer à avancer dans notre transformation.

Quelle est l’importance de l’innovation pour Energie 360°?

L’innovation est absolument centrale. Si nous regardons 15 à 20 ans en arrière, Energie 360° a été le premier fournisseur de gaz en Suisse à injecter du biogaz dans le réseau de gaz et à le rendre ainsi utilisable dans l’infrastructure existante. Dans 15 à 20 ans, cette infrastructure sera peut-être alimentée en hydrogène. En conséquence, nous investissons dans l’innovation dans plusieurs domaines. Prenons l’exemple du lab360. Cette équipe a pour mission d’identifier et de développer des modèles commerciaux qui pourraient être importants pour notre entreprise à moyen terme. Avec le fonds Smart Energy pour l’innovation, nous faisons avancer des thèmes que nous ne pouvons ou ne voulons pas développer en interne. Nous soutenons par exemple financièrement des start-up qui développent des services parfaitement adaptés à notre portefeuille et à notre stratégie. Nous investissons pour comprendre très tôt comment combiner ces services avec les nôtres. Nous participons également de manière ciblée à des entreprises qui ont déjà atteint un certain niveau de développement. Nous sommes parfois l’actionnaire majoritaire, ce qui nous permet de profiter au maximum de la collaboration. De bons exemples sont l’entreprise Smart Energy Link, qui fabrique des commandes pour des solutions sur site, ou Swisscharge.ch, qui propose un ensemble de prestations modulaires pour l’électromobilité.

L’innovation, moteur de la transformation?

Absolument. Il n’y a pas de transformation sans innovation. Nous avons besoin d’une transformation et c’est à nous tous d’en apporter la preuve par l’acte.